S’il est facile de créer un compost quand on a un jardin ou un petit extérieur, il est plus difficile de le faire en appartement. Or, depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, les particuliers comme les collectivités sont censés faire le tri des biodéchets. Près de 6 mois après, il est aisé de constater que beaucoup de communes sont très en retard sur l’installation de points ou de systèmes de collectes. Il est donc difficile pour les citadins vivant en appartement de faire plus de 10 minutes de marche plusieurs fois par semaine pour se débarrasser de leurs déchets organiques. En cherchant un peu une solution, nous sommes tombés sur une technique couramment utilisée au Japon : le bokashi. Elle permettrait de réduire ses déchets organiques d’environ 30 %. Attention, il ne s’agit pas d’un bac pour stocker des déchets compostables, mais bien d’un vrai composteur qui va vous permettre de créer de l’engrais naturel.
C’est quoi un bokashi ?
Le bokashi ou compost japonais est une méthode qui permet de faire un compost en intérieur grâce à la fermentation en anaérobie (sans air). Bokashi signifie d’ailleurs littéralement "matière organique bien fermentée". Avec cette méthode, on ne génère pas, en théorie, d’odeurs désagréables. Au Japon, les fermiers et jardiniers fabriquent du bokashi depuis toujours en faisant fermenter du son de riz avec un mélange de bactéries appelées EM1. Il permet de créer un jus de compost très riche que vous allez pouvoir utiliser pour nourrir vos plantes vertes. À la fin du processus, il faudra jeter “le digestat” restant dans un bac de compost traditionnel.
Où placer le bokashi ?
Simplement à température ambiante et de préférence à l’ombre. Le bokashi est plutôt frileux, il n’est donc pas recommandé de le placer sur un balcon ou un rebord de fenêtre. Il faut bien veiller à ne pas le placer dans un environnement avec une température inférieure à 15 °C car cela stopperait le processus de fermentation.
Est-ce qu’on peut tout mettre dans le bokashi ?
Presque tous les déchets organiques de la cuisine peuvent être placés dans le bokashi : aussi bien les épluchures que les restes de légumes cuits, les peaux d’oranges ou de bananes, un bouquet de fleurs fanées, du marc de café, du thé, du pain… La seule condition pour que le compostage soit bien efficace est de toujours mettre les déchets en petits morceaux. À l’inverse, il est déconseillé d’y mettre les liquides comme le lait ou le vinaigre, les os ou les cendres.
Comment ça marche ?
Pour le test, nous avons utilisé le bokashi pure de la marque Hozelock. On le trouve facilement dans les magasins de jardinage et de bricolage. Il possède une capacité de 15 litres, ce qui est suffisamment grand pour collecter plusieurs semaines de déchets et suffisamment petit pour une petite cuisine. Les petits modèles coûtent moins de 100 €.
L’utilisation est très simple, il suffit de verser ses restes d’aliments dans le seau, de parsemer un peu d’activateur avec la cuillère doseuse, et c’est bon. Il faut bien veiller à mettre suffisamment d’activateur sur la matière car sinon des mauvaises odeurs peuvent apparaître ainsi qu’un peu de moisissures. Quand votre bokashi est plein, laissez-le fermenter pendant 15 jours en veillant à récolter le jus tous les 2 ou 3 jours. C’est pendant cette période que les déchets vont entamer un processus de méthanisation.
On sent que le liquide est très concentré. Le plus simple est de le récolter dans une bouteille vide avec un bouchon. L’engrais ne s’utilise pas pur, il faut d’abord le diluer. Pour 10 ml de liquide, il faudra ajouter 1 L d’eau. La notice conseille d’utiliser de l’eau de pluie mais comme ce n’est pas le plus simple à obtenir en appartement, nous avons simplement utilisé de l’eau du robinet.
Le bilan
Un bokashi bien utilisé ne dégage pas d’odeur. Lors de la première tentative, nous avons commis plusieurs erreurs : la première était de ne pas mettre assez de son, or, c’est lui qui évite la création de pourriture, et de l’ouvrir trop souvent. Il vaut mieux conserver 1-2 jours de déchets dans un récipient et mettre tout en une seule fois pour conserver au maximum le milieu anaérobie. Mais lors de la deuxième tentative, il n’y avait plus d’odeurs intempestives. Quand votre bokashi est plein et qu’il entame sa période de fermentation, vous vous retrouvez bloqué dans le recyclage de vos déchets. Il est peut-être intéressant d’en avoir un deuxième pour faire un roulement mais encore faut-il avoir la place nécessaire.
L’utilisation du bokashi ne vous exemptera pas totalement de faire une visite au point de collecte pour les déchets organiques car c’est là que vous devrez vous en débarrasser à l’issue des 15 jours. Mais la fréquence est quand même plutôt acceptable.
Le bokashi est donc une bonne solution si vous souhaitez vous-même valoriser vos déchets organiques. Il ne demande pas une grande rigueur, seulement de bien comprendre son fonctionnement avant de se lancer.