Parce qu’on n’a pas le temps, parce qu’on n’a pas d’idées, parce qu’on ne sait pas bien cuisiner, parce que c’est bon, parce que c’est facile à faire : on a tous une bonne raison d'acheter des plats préparés. Et vous ?
Dans nos placards, on a tous des produits industriels. Pour certains, il s’agit de briques de soupe, pour d’autres ce sont des sauces pour les pâtes ou des cubes de bouillon. D'autres raffolent de gâteaux pour le goûter même si, de ce côté-là, de plus en plus de personnes optent pour des goûters fait-maison, à la fois pour faire des économies et pour contrôler la liste des ingrédients.
Couleur, texture, conservation : les additifs sont là pour ça
Depuis quelques années, des voix se lèvent face à la composition de certains produits industriels ultra-transformés. Ils contiendraient trop d’additifs dont l’impact sur notre santé est questionné. Vous savez, ce sont ces fameux E suivis de chiffres dans la liste des ingrédients.
Ces substances sont ajoutées pour donner un goût sucré, une texture plus épaisse, une meilleure tenue, une couleur ou participer à la bonne conservation du produit. Des chercheurs ont analysé les données de 106 489 Français, pour étudier leur consommation d’additifs. L’étude, publiée en novembre 2021 sur le site Scientific Reports, dresse un constat alarmant.
5% des Français consomment 10kg d'additifs par an !
Un Français de 72kg consomme 4,1kg d'additifs par an, soit 11,3g d’additifs par jour. Pour l’adapter à votre poids, le calcul est simple. On consomme en moyenne 155,5mg d’additifs par jour et par poids corporel. Il vous suffit de le multiplier par votre poids pour connaître votre consommation quotidienne, puis par 365 pour savoir la quantité consommée sur une année.
Pire encore : les 5% des Français les plus exposés en consomment 10kg par an !
Ce chiffre n’est pas étonnant. Les additifs sont partout dans notre alimentation, ou presque. Dans les bonbons sous la forme de colorants, dans les biscuits et gâteaux sucrés, dans les bouillons, le pain, les desserts lactés et les céréales du petit déjeuner, les sauces, les viandes transformées et les boissons.
Et encore, c’est une fourchette basse. Les données s’appuient sur l’étude de cohorte NutriNet-Santé. Les personnes ayant participé à cette étude s’intéressent déjà à leur santé et sont donc susceptibles de faire attention à ce qu’elles mangent, et donc de manger moins d’additifs que la moyenne nationale.
Les additifs sont-ils dangereux pour la santé ?
Savoir que l'on mange 4 kg d'additifs, c'est une chose. Mais ce qui nous intéresse, c'est de savoir s'ils ont des effets sur notre santé. Parmi les 338 additifs autorisés sur le marché français (48 pour les produits BIO), certains pourraient être nocifs pour la santé.
«Le top 50 [des additifs les plus consommés par les participants à l’étude de cohorte, ndlr] comprenait également plusieurs additifs alimentaires pour lesquels des effets néfastes potentiels sur la santé ont été suggérés par de récentes études expérimentales» précisent les chercheurs de l'étude.
Troubles du comportement, inflammation du microbiote, risque de cancers, maladies cardiovasculaires : on se questionne aujourd’hui sur le lien de causalité entre ces problèmes de santé et la consommation de certains additifs controversés. D’autres part, l’effet cocktail par mélange d’additifs est aussi à l'étude.
Il semblerait évident que ces cas se cantonnent aux additifs rarement utilisés et que ceux qui sont fréquemment consommés soient inoffensifs, mais ce n’est pas le cas.
Preuve en est, l’additif le plus consommé est l’amidon modifié (E14). On en consomme 24 mg/ kg de poids chaque jour. Il faut dire qu’on le retrouve un peu partout : dans la plupart des pâtisseries, soupes et vinaigrettes pour épaissir la texture. Dans l’étude de cohorte, plus de 90% des personnes interrogées le consomment. Petit hic : il est suspecté de favoriser certaines maladies rénales et cardiovasculaires.
Pour autant, tous les additifs ne sont pas néfastes pour la santé, loin de là. Les chercheurs de l’étude sont plutôt confiants. Ils estiment que «la plupart des additifs n'ont probablement pas d'impact néfaste sur la santé (certains peuvent même avoir des effets bénéfiques : par exemple, antimicrobiens, antioxydants, polyphénols)».
Comment limiter sa consommation d’additifs ?
Il est possible de réduire sa consommation d’additif et de s’éloigner progressivement des 4 kg par an et par personne. Comment ? On vous répond en 5 points.
Mangez des produits bruts plutôt que transformés. Privilégiez des flocons d’avoine plutôt que des céréales très sucrés, intégrez davantage de fruits, légumes, céréales complètes, légumes secs et oléagineux.
Lorsque vous achetez des produits préparés, privilégiez dans la mesure du possible l’appellation bio. L’utilisation d’additifs est très réglementée, seuls 48 sont autorisés et la plupart sont d’origine végétale.
Dès que vous avez le temps, préparez vos goûters et plats de la semaine à la maison avec la méthode du batch cooking. Cela vous permettra de manger des produits préparés par vous-même (donc avec un contrôle des ingrédients) sans pour autant passer des heures à préparer le dîner.
Soyez vigilants aux étiquettes. On sait à quel point lire la liste des ingrédients au dos des produits peut être barbant, mais c’est le meilleur moyen de connaître les additifs utilisés ou non dans la recette.
Tenez-vous informé de l’évolution des rapports. L’EFSA repasse au crible tous les additifs qui avaient été autorisés avant janvier 2009. Certains additifs jusqu’alors envisagés comme inoffensifs peuvent être pointés du doigt. C’est ce qu’il s’est passé début juillet, quand l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail a publié un rapport alarmant dans lequel les nitrites étaient reconnus cancérogènes. Or, ce sont des additifs très présents dans la charcuterie.