Après un arrêt de la Cour de Justice Européenne interdisant les noms “lait” et “yaourt” aux produits végétaux, c’est au tour d’autres aliments du quotidien de subir une bataille sémantique. Les steaks et boulettes végétales sont une nouvelle fois dans le viseur du gouvernement qui demande une dénomination différente des produits carnés pour ces aliments d’origine non animale. Objectif : éviter la possible confusion pour le consommateur.
Un projet qui n’est pas nouveau
En juin 2022, un premier décret avait été publié au Journal officiel pour mettre fin à l’utilisation du champ lexical de la boucherie, de la charcuterie ou de la poissonnerie pour désigner des aliments d’origine végétale. Mais ce texte avait été suspendu par le Conseil d’Etat, jugeant que ce dernier était trop vague et que le fond n’était pas assez défini.
Suite aux remarques, un nouveau texte a été soumis par le gouvernement français à la Commission européenne fin août 2023. Signé par la Première ministre Elisabeth Borne, le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire et le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, ce dernier précise davantage les termes concernés par cette interdiction. Et on peut dire que la liste est fournie !
La liste des désignations concernées
Parmi cette liste, on trouve près de 21 mots « dont l’utilisation est interdite pour la désignation de denrées alimentaires comportant des protéines végétales ». Les termes "steak", "jambon" ou "escalope" sont concernés mais pas seulement. Une seconde liste - plus longue - pourrait toucher plus de produits simili-carnés. En effet, le décret cite les noms "bacon", "boudin", "lardon", "nugget" ou encore "saucisse". En cas de validation du texte, ces produits ne pourraient porter cette appellation qu’à condition de contenir une teneur en protéines végétales inférieure à 0,5% au maximum… Conséquence : vous ne pourrez plus trouver en rayons des produits vendus comme “lardons végétaux” ou “saucisse vegan” !
Si ce texte est une requête de longue date, il reste problématique pour les militants de la filière végétale. Sur X (ex-Twitter), la cofondatrice de l'association L214, Brigitte Gothière, n’hésite pas à ironiser la situation : “Est-ce que les gens confondent l'huile de moteur, l'huile d'olive et l'huile de jojoba ? Je ne crois pas. Pas plus qu'ils confondent les steaks végétaux et ceux de bœuf”.