Et si on jouait un peu ? Allez dans la cuisine et ouvrez la porte du frigo. On parie que vous avez un pot de cornichons entamé au fond d’une étagère, derrière les œufs et le reste de tagliatelles au saumon fumé. On a raison ? Entre nous, on a quand même de grandes probabilités de réussir notre pari.
Pour accompagner la raclette, à servir avec un pâté de campagne ou à mettre dans un jambon-beurre, les cornichons agrémentent les plats français les plus cultes. Ces plats emblématiques de la cuisine française ne peuvent se passer de ce condiment vert… à croire qu’il a été inventé exprès pour ces plats. Avec la baguette et le croissant, ils sont synonymes de gastronomie à la française. Ce qui est plutôt drôle quand on sait qu’en réalité, la quasi intégralité des cornichons que l’on consomme sont produits à l’autre bout du monde.
La plus française des cultures indiennes
Si vos cornichons pouvaient voyager, ils seraient de sacrés baroudeurs. 7 360 kilomètres à leur actif, ce n’est pas rien. D’après une étude réalisée en 2020 par CSA Research commanditée par la marque Jardin d'Orante, 75% à 80% des Français pensent que les marques Maille et Amora proposent des cornichons français. Il est l’heure de faire un point.
En réalité,« 80% des cornichons consommés en France viennent d’Inde. Les presque 20% restants viennent d’Europe de l’Est » déplore le ministère de l’agriculture. En 2015, seulement 1 424 tonnes de cornichons ont été produits en France. C’est dérisoire comparé aux dizaines de tonnes importées.
Pourquoi les cornichons sont-ils cultivés en Inde ?
Si les cornichons sont principalement cultivés en Inde, c’est parce qu’il y a une raison économique à cela. La main-d'œuvre coûte 15 fois moins cher et les conditions climatiques permettent de faire jusqu’à 3 récoltes par an. Comme le cornichon nécessite une récolte manuelle, plusieurs fois par jour pour correspondre aux calibres, et ne pousse qu’entre 15 et 35°C, la France n’est pas un terrain favorable.
La production lointaine des cornichons soulève des enjeux économiques, sociologiques et écologiques. Ça a un impact sur l’emploi français, mais c’est aussi un désastre écologique puisque les cornichons importés chaque année parcourent des milliers de kilomètres en avion pour arriver jusque dans notre poêlon à raclette. Mais ça n’a pas toujours été comme ça.
Savez-vous planter les cornichons à la mode de chez nous ?
Jusque dans les années 1990 à 2000, on cultivait beaucoup de cornichons en France. Mais voilà : la production n’arrivait pas à suivre la cadence. Avec une seule récolte par an, impossible de satisfaire la clientèle et les 25 000 tonnes consommées chaque année. Le marché en pleine croissance a donc dû s'adapter pour répondre à la demande. La solution ? Délocaliser là où la production est plus rentable.
Et les consommateurs y trouvent leur compte : avec les coûts de production incomparables, la culture de cornichons indiens, chinois ou d’Europe de l’Est permet aux industriels de baisser les prix et de vendre à bas coûts la plupart des 60 000 bocaux de cornichons annuels. Comptez environ 9 euros le kilo pour des cornichons français contre 5 euros pour un kilo de cornichons étrangers.
Si vous voulez soutenir la production française malgré le prix plus élevé, vous allez vous heurter à un petit problème : l’absence d’information concernant l’origine des cornichons. Comme elle n’est pas obligatoire, certaines marques ne précisent pas d’où viennent les cornichons. Ça peut être une production 100% étrangère ou un mélange.
Une autre solution pour manger des cornichons 100% français sans se ruiner, c’est de les planter vous-même. Pour cette année, c’est fichu : il faut les planter entre mai et juin pour pouvoir les récolter en été. Mais pour l’an prochain, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil à notre article que plante-t-on en juin et quelles taches effectuer. On vous liste toutes nos astuces de jardinage et on vous parle du calendrier de plantations mois par mois.