Le week-end du 15 août est, pour beaucoup, le moment de décompresser autour d'un grand déjeuner familial ou d'une longue pause loin du travail et des tracas quotidiens. Mais pour nous qui baignons dans l'actualité culinaire, le 15 août marque surtout le début de la saison des fruits violets.
On va enfin pouvoir se régaler de plein de desserts aux myrtilles, mûres, prunes, figues et autres fruits violets. Enfin... à condition de bien les choisir. Tenez, savez-vous comment choisir les figues ? Elle doit être un peu molle et bien charnue, mais avec la tige encore ferme. Si un liquide s'en échappe, c'est bon signe : cela veut dire qu'elle est fraîche. Maintenant que vous savez les choisir, on parie que vous n'allez plus arrêter d'en consommer.
En plus, vous profiterez de tous les bienfaits de la figue, notamment sa richesse en fibres (4g de fibres pour 100g de fibres) et en minéraux. Mais ce que les livres de nutrition ne notent pas, c'est qu'on risque aussi de manger malgré nous des protéines en croquant dans une figue... Si l'idée de croquer dans un insecte vous rebute, ne lisez pas la suite de cet article. On vous aura prévenu !
Un film X se joue dans la figue
Tout s'explique par le fait que la figue n'est pas vraiment un fruit, mais une fleur inversée. On chipote, un peu comme quand les gens vous disent que la tomate est un fruit. Mais là, pour une fois, ce n'est pas pour crâner. Ca a son importance.
La figue est donc une fleur. Le fruit, ou plutôt les fruits, ce sont les toutes petites graines qui croquent dans la figue. On les appelle des akènes. Comme pour toutes les fleurs, le figuier doit être pollinisé pour produire des fruits. C'est là qu'entrent en jeu les guêpes Blastophage. Leur rôle ? S'introduire dans les figues mâles pour y déposer des larves qui se féconderont entre elles. Une sale affaire d'inceste entre larves. Les larves femelles sont encore toutes petites lorsqu'elles viennent d'être fécondées. Elles peuvent donc sortir de la figue pour polliniser à leur tour - comme leur mère avant elles- une autre fleur de figuier. La guêpe "mère" comme les larves mâles sont quant à eux sacrifiés dans la figue.
Une erreur qui lui coûte la vie
Mais jusque là, ça ne nous atteint pas. Tout ça, on vous l'a dit, se passe dans les figues mâles. Or, nous ne consommons que des figues femelles (ne nous demandez pas pourquoi ; on n'a pas fait un master de biologie). Alors pourquoi on en parle si ça se passe dans des fleurs que nous ne consommons pas ? Parce que l'erreur n'est visiblement pas qu'humaine. Parfois, les guêpes se trompent et pollinisent des figues femelles. C'est ça qui permet aux figues de pousser. Si l'erreur est plutôt une bonne nouvelle pour le maraîcher, elle l'est beaucoup moins pour la pauvre guêpe puisqu'elle y laisse sa vie sans se reproduire.
En entrant, la malheureuse guêpe s'est cassée ailes et antennes et ne peut plus en ressortir. Elle meurt donc à l'intérieur de la figue. Est-ce que ça veut dire qu'en mangeant une figue, vous allez sentir le corps de la guêpe croquer sous vos dents ? Non. Les figues contiennent une enzyme capable de dégrader la guêpe en protéines. Autrement dit, il n'en reste rien si votre figue est cueillie à maturité. Promis, vous aurez beau chercher, vous ne verrez plus aucune trace... un peu comme quand vous laissez un paquet de bonbons sur la table du salon pendant 1 heure ; il n'en reste rien.
Malgré l'absence de restes visibles, cela pose débat dans la communauté végétarienne et vegan. Manger une figue revient-il à manger un animal ? Pour certains, la question est un non-sens et ils ne se privent pas de se régaler d'un crumble de figues aux noix. Pour d'autres, le décès de la guêpe dans la fleur est rédhibitoire.