Impossible de charger steaks de boeuf, dos de cabillaud panés ou petit panier de courgettes sur un bateau. Et pour cause : il n’y a pas de frigo à bord. Pas de four ni de plan de travail non plus. A la place, un réchaud de camping avec une marmite et une bouilloire. Le strict minimum. A côté, même la moins bien fournie des cuisines est luxueuse.
Comment manger avec si peu d’équipements ?
En fait, ces bons petits plats sont déjà cuisinés et lyophilisés, déshydratés ou en conserve. Il suffit donc d’utiliser une machine pour dessaler l’eau de mer (et donc la rendre potable) puis de la faire bouillir pour réhydrater et réchauffer les plats.
Si vous n’arrivez pas à prévoir votre menu sur une semaine (pas de panique, on la prépare pour vous ici), imaginez un peu le calvaire que ça a dû être pour eux de planifier chaque repas jusqu’en février ! Car, dans le Vendée Globe, rien n’est laissé au hasard.
Au gramme près
D’un côté, il y a le poids. De l’autre, la performance. Inutile d’être mathématicien pour comprendre que plus on met de poids à bord du voilier, plus il s’alourdit, et moins il ira vite (ce qui, dans une course, n’est pas terrible). L’objectif est donc d’être le plus léger possible. Mais si, à votre échelle, vous vous demandez comment vous allez transporter vos courses de la semaine sur le trajet retour sans que les sacs soient trop lourds, imaginez un peu l’enjeu avec plus de deux mois de vivres.
Bien connaître ses besoins, c’est déjà un pas vers la victoire
Sans essence, votre 206 n’avancera plus. Avec du gazole, elle avancera mal car l’énergie n’est pas adaptée. Pour pousser ses capacités au maximum, une seule solution : connaître ses besoins. Vous avez compris l’idée, il en est de même pour les participants à la course. Et leurs besoins, ce n’est pas moins de 4 000 calories par jour, contre 2 500 environ pour vous et moi. Le but est de trouver le ratio parfait entre apport nutritionnel et maintien des capacités d’une part et légèreté du bateau de l’autre (car tout ça, ça équivaut à 130 kilos de nourriture en moyenne).
Mais il reste un inconnu : la météo. Vous mangeriez difficilement une raclette sous 25°C et une petite salade toute légère quand vous brûlez beaucoup de calories à tenter de vous réchauffer. C’est exactement pareil pour les skippers. En plus de penser aux calories et à la légèreté des plats, ils doivent aussi varier les menus pour s’adapter aux conditions météorologiques.
On mange quoi ce midi ?
Des protéines, des glucides et des lipides : tels sont les apports indispensables à l’organisme au quotidien. Pour les avoir à chaque bouchée, certains participants n’hésitent pas à faire appel aux conseils de nutritionnistes pour prévoir leur repas à l’avance. Ensuite, voilà comment ça se passe concrètement.
Ils savent plus ou moins à l’avance ce qu’ils mangeront pour le 26 novembre, le 7 décembre ou le 24 au soir en estimant approximativement dans quelle zone ils seront. Les plats sont cuisinés à l’avance, avant d'embarquer sur le voilier. Leurs réserves se composent habituellement à 50% de plats sous vide et 50% de plats lyophilisés. Seuls les féculents, type pâtes, riz ou semoule, sont cuits directement dans le voilier à l’aide du réchaud. Et puis, à côté de ça, il y a la nourriture bonne non pas pour les capacités physiques, mais pour le moral.
Savoir se faire plaisir
Loin d’être superflus, ces petits à-côté mettent du baume au coeur lorsque la solitude se fait sentir. Car en pleine mer, il n’y a pas de glace à la pâte à cookie. Par contre, on retrouve du chocolat chez les uns, du foie gras et des fruits secs chez les autres.
Après tout, la nourriture a souvent été une façon d’encourager. Qui n’a jamais promis une crème dessert ou un bonbon à un enfant pour qu’il soit sage ou finisse son assiette ? Pas de raison que ça soit différent pour les 33 skippers de cette édition qui passeront Noël et le jour de l’an seuls, face à la mer.
Sources : L'Express, Le Vendée Globe.