Notre consommation de soja n’est pas la plus ciblée par les critiques. Et pour cause, elle ne représente que 6% de la production mondiale. En revanche, l’élevage de bétail est dans le viseur. “C’est l’augmentation de la consommation de viande qui est la cause principale de l’accroissement de la culture du soja. Près des ¾ du soja produit dans le monde sont utilisés pour nourrir les animaux, notamment la volaille et le porc” rapporte l’ONG WWF dans un rapport. Les animaux sont nourris avec du soja, soit. Et alors ?
Le soja, une petite graine très gourmande en ressources
Pour faire face à la consommation croissante de viande, il faut produire toujours plus de soja. Et pour ça, il faut des terres. Imaginez la superficie de la France, de l’Allemagne, de la Belgique et des Pays-Bas réunis, soit 1 million de kilomètres carrés... ou près de 142 857 stades de football. Maintenant que vous avez l'image en tête, sachez que c'est la superficie dédiée à la culture du soja dans le monde. Vous vous en doutez, ces terrains ne sont pas apparus à coups de baguette magique. Cette expansion des plantations se fait au détriment de milieux connus pour abriter une riche biodiversité. En première ligne, la forêt Amazonienne et la région du Cerrado qui concentrent à elles seule 10% des animaux mondiaux et 5% de la biodiversité planétaire.
“Ces vingt dernières années, des millions d’hectares de forêt, de savane et de prairie ont disparu, ce qui menace la biodiversité, diminue les services rendus par les écosystèmes, et a libéré une énorme quantité de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Aujourd’hui encore, la culture du soja exerce une pression importante sur les zones forestières”.
Autre raison pour laquelle le soja est parfois décriée : l'utilisation d’engrais, de pesticides, d’OGM et de (beaucoup) d’eau pour produire ces 267 millions de tonne de soja. Sans compter l’impact environnemental lié à la transformation et à la distribution des récoltes. Mais, reconnaissons-le, tout n’est pas à déplorer. Si l’Argentine ou les USA se sont spécialisés dans la production de soja OGM, ce n’est pas le cas de la Chine ou de l’Inde qui peuvent se targuer d’avoir une production 100% sans OGM.
Beaucoup de revenus concentrés dans peu d'exploitations
Malgré l'impact environnemental qui laisse à désirer, la production de soja pourrait avoir des effets positifs, notamment sur la création d'emplois et les revenus des agriculteurs. Du moins, en théorie. Car dans la pratique, la situation serait bien différente.
Certes, “le développement de la culture du soja en Amazonie [a] fait baisser de nombreux indicateurs de pauvreté et croître le revenu rural médian, mais simultanément, il [a] creusé les inégalités et poursuivi la consolidation de la concentration des terres dans les mains d’un nombre encore plus réduit de personnes" reprend l'organisation non gouvernementale. Toutefois, ces propos sont à nuancer, puisqu'un certain nombre d'emplois sont tout de même créés.
Quid de notre santé ?
Autre accusation portée à l’encontre du soja : ses effets inconnus sur notre santé. On sait que sur le plan nutritionnel, cette petite graine est pleine de bienfaits. Mais qu’en est-il sur le plan hormonal ?
Le soja contient une substance (des isoflavones) suspectée d’être un perturbateur endocrinien. Concrètement, les isoflavones pourraient se fixer aux récepteurs des oestrogènes (une hormone sexuelle féminine) en lieu et place de ceux-ci. Fort de cette interrogation, l’UFC Que Choisir alerte sur les potentiels effets de cette substance sur notre santé. Mais, comme souvent, il y a deux sons de cloche.
Si certains reconnaissent des effets bénéfiques pour la santé, comme une réduction du risque de maladies cardio-vasculaires, un effet préventif contre le cancer du sein, une baisse des bouffées de chaleur à la ménopause et une réduction de l’ostéoporose, d’autres s'interrogent sur d'éventuels effets délétères comme la perturbation des cycles menstruels, la réduction de la fertilité, le fait de stimuler certains cancers hormonodépendants et de perturber le développement fœtal listent nos confrères du site UFC Que Choisir.
Qui a tort, qui a raison ? Nous n’en savons rien. Mais mieux vaut prévenir que guérir, pas vrai ? C’est pourquoi l’Anses préconise de limiter notre consommation de soja à 1mg par kilo et par jour. Concrètement, ça veut dire que si vous faites 70 kilos, il ne faudrait pas consommer plus de 70 mg de soja par jour, soit 100g de tofu, une tasse de lait de soja et une soupe miso. Mais l'UFC-Que Choisir va encore plus loin. Pour l'association, la dose maximale recommandée est de 21mg en attendant d’en savoir plus sur les effets du soja sur notre santé.
Maintenant que vous avez toutes les cartes en main, à vous de vous faire votre propre opinion au sujet du soja.
Sources : WWF, UFC-Que Choisir, Anses