L'eau : une ressource qui se fait rare
Agriculture, électricité, énergie et eau potable : nos besoins en eau ne cessent d'augmenter. Dans le même temps, les ressources s'amenuisent. Les enjeux écologiques sont au cœur de notre société et ponctuent chacune de nos décisions.
Saviez-vous qu'il fallait près de 300 litres d'eau pour produire 1 litre de bière ? Ca pose problème car, d'un côté, nous voulons être écolo. De l'autre, nous continuons de sortir entre amis pour boire une pinte en afterwork. Il faut dire qu'on a appris récemment que la bière était peut-être un remède miracle contre un problème qui touche près d'un Français sur deux. Pas étonnant qu'on se rue dessus.
Et c'est là où le bât blesse : pour produire un litre de bière, il faut près de 300 litres d'eau, de la culture des céréales au nettoyage de la brasserie. A Singapour, une cité-Etat située au sud de la péninsule malaise, l'approvisionnement en eau est très difficile. Les nappes phréatiques de la région sont à peine suffisantes pour subvenir aux besoins de la population locale. Les besoins journaliers en eau sont de 680 millions de litres, d'après un article de Futura-Sciences.
Pour garder les petits plaisirs du quotidien sans épuiser les ressources, l'agence nationale des eaux usées de Singapour a trouvé LA solution : recycler l'eau déjà utilisée plutôt que de la gaspiller. C'est là tout le concept du projet Newater dont le slogan est « Chaque goutte doit être utilisée plus d'une fois ».
Newbrew, ou la bière du futur
Transformer l’eau en vin, c’est has been. Singapour fait mieux que ça : ils transforment les eaux usées en bière. Comme quoi, Lavoisier avait raison. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.
A l’occasion de la semaine de sensibilisation à l’environnement qui se déroulait en avril à Singapour, une brasserie locale, en collaboration avec la Cité-Etat, a décidé de s’approvisionner non plus à partir d’eau potable, mais à partir de l’évacuation des eaux usées. C'est là qu'est née Newbrew, une bière imaginée par l’agence nationale de l’eau de Singapour et la brasserie Bretwerkz. Comme toutes les bières, elle est préparée à partir de 95% d’eau, et d’un peu de houblon, de malt et de levure. A une différence près.
Boire de l'eau usée : y a-t-il un risque de tomber malade ?
L’idée peut en refroidir plus d’un. Mais, à y regarder de plus près, cette bière n’a rien de dégoûtant. Mieux encore : à en croire certains consommateurs, on ne peut absolument pas deviner qu’elle est préparée à partir d’eau domestique utilisée. Et ça, c’est grâce à un traitement au top.
Les eaux usées subissent d’abord une première filtration à travers des membranes pour éliminer particules et agents pathogènes. Pour parfaire le résultat, elle est ensuite passée dans une membrane à peine poreuse, qui ne laisse passer que l'eau et retient les éventuels pesticides et bactéries qui auraient pu passer à travers les mailles du filet juste avant. Et ce n’est pas fini ! Une session d’UV plus tard par excès de zèle, et l’eau est de nouveau potable. Ce système de traitement et recyclage des eaux usées, appelé Newater, a été mis en place il y a 20 ans à Singapour.
Une fois l'eau parfaitement traitée, il ne reste plus à la brasserie qu’à produire de la bière selon le processus classique de fabrication. A croire la brasserie Brewerkz, cette Tropical Blonde Ale est «fabriquée à partir des meilleurs ingrédients, dont des malts d'orge allemands de première qualité, des houblons aromatiques Citra et Calypso, ainsi que du kveik, une souche de levure de Norvège. Le résultat : une bière très agréable à boire, adaptée au climat tropical de Singapour, avec un arrière-goût doux et grillé rappelant le miel. »
L'écologie est au cœur de cette initiative
A travers cette initiative, Singapour espère sensibiliser les habitants au recyclage pour éviter le gaspillage de l’eau. Ainsi, on évite la surconsommation et le gaspillage de cette denrée précieuse tout en buvant un coup avec ses copains. C’est ce qui s’appelle lier l’utile à l’agréable.
En vente depuis avril, la Newbrew est vendue à 3 euros dans certains supermarchés, des plateformes en lignes et tous les magasins Brewerkz. Si vous voyagez dans un de ces pays cet été, vous pouvez faire un petit stock. On vous dit combien de temps une bière reste bonne à consommer après achat.
La France, mauvaise élève en matière de recyclage des eaux usées
Dans un contexte où la préservation de cette denrée précieuse est un enjeu majeur, le concept a séduit d’autres régions du monde. Les centres de traitement d'eau d'Allemagne, du Canada, de Suède ou encore des Etats-Unis ont lancé leur propre version. L'entreprise française de traitement des eaux usées, Veolia, lance elle aussi un programme dans la même veine que Newater.
Intitulé "Reut", le projet veut « faire face aux conséquences du changement climatique sur la ressource en eau douce. ». Pour l'instant, les eaux usées sont notamment réemployées pour arroser les jardins publics et nettoyer les canalisations. En France, on recycle à peine 1% des eaux usées, contre 90% à Israël ou 14% en Espagne, apprend-on sur le site de Veolia.