Cultiver des fraises sans pesticides ni OGM en plein cœur de Paris, le tout dans des vieux containers maritimes recyclés, c’est le défi que relève l’entreprise Agricool depuis 4 ans. Zoom sur cette production 100% locale.
Un “paradis pour fruits et légumes” au cœur de la capitale ? C’est le pari fou que se sont lancés Gonzagues et Guillaume, deux fils d'agriculteurs à qui le goût des fruits du potager familial manquait. Alors, avec juste un vieux container qui traînait dans le jardin de leurs grands-parents et beaucoup de motivation, ils ont créé Agricool. Aujourd’hui bien loin du jardin de papi-mamie, les 8 “cooltainers” de l’entreprise sont installés un peu partout dans le grand Paris, du parc de Bercy à la station F en passant par Saint-Denis et Asnières-sur-Seine, histoire de réduire au maximum les km parcourus par les fruits jusqu'à votre assiette.
Le concept
Concrètement, faire pousser des fraises dans un container, ça marche comment ?
“A l’intérieur, on recrée une journée printanière optimale pour les fraises. L'humidité, la luminosité des LED basse consommation et la température : tout est contrôlé par informatique pour répondre au mieux aux besoins des plantes.” explique Diane Fastrez, chargée de communication chez Agricool.
Après de longs mois de recherches et d'essais, les ingénieurs de l'équipe ont finalement opté pour l’aéroponie, un système de plantation hors sol (comme les 3/4 des récoltes de fraises en France) où les racines sont à l’air libre et l’arrosage se fait par brumisation. L'avantage ? C'est un circuit fermé, sorte de boucle, qui réutilise l'eau non absorbé par les racines, et permet "d’économiser 90% d’eau par rapport à une culture en pleine terre” précise Diane Fastrez.
Bon pour soi
Face à une quinzaine de concurrentes, c'est la variété magnum, petite sœur de la Mara des bois, qui a été retenue pour son goût et son adaptation à l’espace restreint, mais aussi pour ses qualités nutritionnelles. Des qualités qui ne sont d'ailleurs pas gâchées par l’ajout d’OGM ou de pesticide. Des fraises naturelles, donc, qui sont récoltées mûres à point et vendues dans la journée pour 2,90 euros la barquette de 125g et 4,50 celle de 250g.
Bon pour la planète
A ce prix-là, elles doivent être bonnes, n'est-ce pas ? Et bien, oui. Loin des fraises importées, cueillies bien avant maturité pour endurer le long voyage qui les attend, les fraises d'Agricool ont un impact environnemental très réduit, mais un goût développé. Après les avoir goûtées, on l'affirme, ces fraises sont fermes et bien sucrées. Autre bonne nouvelle : l’énergie utilisée pour le fonctionnement du système est 100% renouvelable. Finalement, manger local, c’est l’idéal.
Bon pour la production
La question environnementale réglée, qu'en est-il de la rentabilité ? Les cooltivateurs font pousser l’équivalent de 0,4 hectare de culture en pleine terre... dans seulement 30 mètres carrés. Il faut dire qu’ici, grâce aux conditions optimales constantes, il n'y a pas 1 mais 4 récoltes par an, ce qui pousse la production à 7 tonnes de fraises chaque année, par container. Imaginez, c'est l'équivalent de 600 barquettes par jour !
Où les acheter ?
Pour le moment, Agricool ne s’est pas encore exporté au-delà de la capitale. Seuls les Parisiens pourront donc consommer les premières fraises au monde cultivées en Indoor. Où ? Dans certains Monoprix, à la Grande Épicerie et La belle vie.
Face à ce succès croissant, l'équipe veut débuter la production d'autres fruits et légumes dans les prochains mois. Alors, l'aéroponie en container sera-t-il l'avenir de l'agriculture urbaine ?