Sa soudaine mise en lumière a coïncidé avec une période sombre. Après ses confidences sur ses débuts avec Cyril Lignac, Norbert Tarayre a abordé un sujet douloureux dans le podcast Anatomie d’un chef : la période difficile qu’il a vécue après son brillant parcours dans la troisième saison de Top Chef en 2012. Troisième du concours remporté cette année-là par Jean Imbert, celui qui est désormais à la tête du restaurant du Prince de Galles a pris de plein fouet sa popularité naissante jusqu’à mettre sa santé en danger à cause d’une consommation excessive d’alcool. “Après Top Chef ma vie a changé, c’est clair, analyse Norbert dans Anatomie d’un chef. J’ai connu ce sentiment de célébrité, cette sensation d’être aimé, d’être intouchable et que tout réussit.” Il allait malheureusement rapidement déchanter.
Une émission en duo, un problème en solo
Juste après la troisième saison de Top Chef, M6 a capitalisé sur la popularité et la complicité du duo qui avait particulièrement marqué les téléspectateurs : Jean Imbert et Norbert Tarayre, le vainqueur et le troisième du concours. Les jeunes chefs héritaient ainsi de leur propre émission, Norbert et Jean le défi, qui allait les faire voyager dans toute la France. Une belle opportunité, qui a pourtant marqué le début des ennuis pour Norbert. “On était en tournée pour notre émission Norbert et Jean : le défi. Et le soir, j’y allais fort sur la boisson. Jean était plus mesuré, plus introverti. Moi j’étais insatiable, raconte-t-il dans le podcast. Et puis j’ai poussé, poussé, trop poussé…”
Le jeune chef adopte un rythme qui devient vite problématique : “ Tous les soirs dans les chambres d’hôtel, je descendais une bouteille. Pas d’eau, mais une bouteille, révèle-t-il. J’étais jeune, un peu con, mais comme n’importe quelle personne qui découvre un nouveau monde. Tu ne mesures pas le truc, tu ne le contrôles pas, tu ne le maîtrises pas. Et un moment, tu te réveilles dans le mal. Tu n’as plus aucune lucidité, l'alcool ça te défonce.” Jusqu’au moment où son corps a dit stop.
La prise de conscience
S’il ne s’étend pas sur les détails, Norbert Tarayre explique que c’est un diagnostic médical qui l'a rappelé à la réalité. “Honnêtement, quand on m’annonce que je ne suis pas en forme, je prends une claque, confie-t-il. Parce que c’est vrai que quand tu es un peu plus “connu”, tu te prends pour un mec intouchable. Et là d’un seul coup, ça fait mal. Les résultats ne sont pas très bons. On me révèle que si je continue, ben je ne vais pas continuer longtemps.”
C'est le début d’une cruelle prise de conscience : “La première chose à laquelle j’ai pensé, c’est ma femme, se souvient-il. Et tu ne verras pas grandir tes gosses, tu ne vas pas les emmener à l’hôtel, tu ne seras pas grand-parent, tu n’auras pas les joies de garder les petits-enfants. Tu vois ta vie défiler. Celle que tu n’auras pas si tu n’arrête pas tes conneries.” Cette vision accéléré d’un avenir sombre a été le point de départ de sa reprise en main, en se recentrant sur ce qu'il aimait par dessus tout : cuisiner.
“J’avais oublié qui j’étais”
Avec le recul, Norbert analyse cette période comme la conséquence d’une angoisse plus profonde : “Je ne me rendais pas compte de la pression que je m’étais mis. Il y a un syndrome, ce syndrome c’est le syndrome de l’échec. Je l’ai connu comme tous ceux qui font un métier créatif, estime-t-il. Alors soit tu te relèves, soit tu sombres. Tu fais une dépression et après tu fais un point sur ta vie.Tu te rends compte que rien ne va, tu te retrouves tout seul. J’en ai presque oublié le goût des gestes simples, de la cuisine , de la découpe, de la cuisson, de l’art de la table. J’avais oublié qui j’étais”. Un témoignage fort sur une période qui est heureusement loin derrière lui.