Source de calcium, de protéines, de vitamines B… A en croire les étiquettes, la boisson de notre enfance aurait tout bon. Seulement voilà : à l’âge adulte, certains boudent leur verre de lait matinal, le considérant contre-nature, inutile voire même dangereux. Chez 750g, on a voulu connaître le fin mot de l’histoire.
Le lait est-il indispensable pour être en bonne santé ?
Premier argument avancé par les anti-lait : son inutilité supposée. S’il est indispensable pour les nourrissons, aucun mammifère n’en consomme encore à l’âge adulte... Excepté les Hommes. Pression commerciale, véritable besoin ou simple habitude ? La raison n’est pas si évidente. Pour savoir si le lait est vraiment essentiel à l’âge adulte, il faut déjà savoir ce qu’il nous apporte.
Le calcium, principal apport du lait
Notre capital osseux se forge dans l’enfance ; c’est donc essentiel de faire le plein de calcium et de vitamine D à cette étape de la vie pour renforcer la solidité de nos os et de nos dents. A l’âge adulte, il faut entretenir ce capital. Si le lait est une excellente source de calcium (119 mg pour 100g), on en trouve également dans d’autres aliments, et parfois dans des taux bien supérieurs. Prenons l'exemple des herbes aromatiques, elles contiennent toujours plus de 1600 mg de calcium pour 100g de sarriette, de marjolaine, de thym, d'origan ou d'herbes de Provence séchés, et jusqu'à 2240 mg pour le basilic. Un plat de nouilles aux crevettes grises (1g pour 100g) ou des pommes au four avec une bonne pincée de cannelle (1g pour 100g), du sésame (960 mg), du cumin (930 mg) ou des sardines (800 mg) vous permettent également d’atteindre la dose de 500mg de calcium par jour recommandée par l’OMS (ou 950 mg pour les plus de 24 ans selon l’Anses).
Le lait contient plein d'autres nutriments
En plus d’être une source de calcium, le lait est une excellente source de vitamine B12, de protéines, de magnésium et de sélénium. Mais le lait n'est pas le seul à nous apporter tout cela. Si le magnésium se retrouve dans beaucoup d’algues, d’herbes aromatiques séchées et dans le cacao en poudre (500 mg pour 100g), la vitamine B12 est quant à elle en quantité suffisante dans la gelée royale ainsi que les foies (entre 50 et 96 ug pour 100g) et rognons des animaux. Pour le sélénium, tournez-vous vers les foies et rognons, mais aussi vers les produits de la mer (thon, sole, lieu noir, araignée de mer, etc.)
Bien qu’il faille s’y connaître en nutrition, il n’est pas impossible de remplacer les apports nutritionnels du lait par d’autres aliments sans risquer une carence comme l’expliquent Solène Lasnier et Solenne Moiroud, auteures d’une thèse sur la controverse du lait en santé : “Le choix de la consommation ou non de lait à l’âge adulte est individuel selon la tolérance de chacun. Sachant que se passer totalement de produits laitiers nécessite une connaissance accrue des besoins corporels et des sources des nutriments afin de ne pas créer de carence.”
Le lait est-il dangereux pour la santé des adultes ?
Second argument avancé : selon certaines études, la consommation de lait pourrait avoir des effets négatifs sur la santé des adultes. Certains l’accusent d’augmenter le risque de cancer de la prostate quand d’autres défendent ses bénéfices contre l'ostéoporose, le diabète de type II, l’hypertension et l'obésité. Nous avons cherché à démêler le vrai du faux, et ce n’était pas une mince affaire.
La consommation de lait diminuerait le risque de cancer colorectal, selon de nombreuses études. Le procédé est complexe mais, pour faire simple, le calcium contenu dans le lait se lierait à d’autres substances pour atténuer les effets néfastes de ces dernières. “Le calcium, associé à la vitamine D jouerait un rôle protecteur auprès de la muqueuse colique, en neutralisant et en insolubilisant les acides gras saturés et acides biliaires libres qui séjournent dans le côlon, sous la forme de sels de calcium” précisent les deux auteures de la thèse. En dessous de 200 mg de calcium par jour, les effets sont faibles. Mais si vous consommez 500 à 800 mg de calcium quotidiennement, le risque serait considérablement réduit.
Des risques à connaître
Mais d'autres études questionnent aussi le fait que le lait pourrait favoriser les cancers de la prostate. En cause ? La présence de facteurs de croissance, des molécules qui jouent un rôle dans la multiplication cellulaire. Selon l’Anses, “les données suggèrent une augmentation du risque pour le lait à faible teneur (environ 1 %) en matière grasse ; une augmentation du risque de 6 % est rapportée pour chaque consommation supplémentaire de 200 g/j, avec un niveau de preuve « limité mais suggestif », en l’absence d’association dans les stades avancés”.
“En revanche, la consommation totale de produits laitiers est associée à une augmentation du risque des cancers de la prostate (tout stade) (augmentation du risque de 7 % pour chaque augmentation de 400 g/j de produits laitiers et de 9 % pour chaque augmentation de 50 g/j de fromage) avec un niveau de preuve « limité mais suggestif ».”
Concrètement, ça veut dire qu’aucune certitude n’est avancée à l’heure actuelle sur le lien lait-cancer de la prostate, mais que la question est posée.
Pour les effets supposés du lait contre l’hypertension, l'obésité, les fractures et le diabète de type II, certaines études en vantent en effet les bénéfices du fait de l’association acides gras-calcium-vitamine D quand d’autres incriminent le lait pour les effets inverses. Dans ce cas, qui croire ? Nous n'avons pas la réponse. Tout ce que l'on sait, c'est que le PNNS* recommande de ne pas dépasser 2 portions de produits laitiers par jour (contre 3 à 4 il y a quelques années) pour bénéficier des bienfaits du lait en limitant les hypothétiques risques.
Pnns* : Programme National Nutrition Santé
Sources : Thèse "Le lait, controverse en santé", les données de l'OMS et de l'Anses