Dans un article publié le 11 octobre, la voix du Nord faisait un constat alarmant, mais peu surprenant. D'après le média, les gérants de friterie ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. En cause ? L'inflation.
Certes, l'Insee constate une légère baisse de l'inflation ; les prix n'ayant augmenté "que" de 5,6% entre septembre 2021 et septembre 2022 par rapport aux 7,7% du mois d'août. Pour autant, la hausse n'est pas anodine et elle se ressent au quotidien. Les marques de distributeurs, qui sont généralement moins chères, ne sont pas épargnées. Les premiers prix seraient même les plus touchés par l'inflation, d'après l'entreprise NielsenIQ.
Les restaurateurs ne sont pas épargnés par l'inflation
Pour faire face à la hausse des prix, certains foyers ont tiré un trait sur la viande dans leur menu de la semaine. D'autres hésitent à deux fois avant d'acheter des fruits et légumes frais qui coûtent beaucoup plus cher. Certains produits du quotidien ont augmenté de 30%. Si les consommateurs sont particulièrement concernés avec leurs dépenses alimentaires hebdomadaires, les restaurateurs et professionnels de l'alimentation ne sont pas épargnés non plus.
On vous parlait cet été des glaciers qui ont été contraints d'augmenter leur prix de vente. Elles ont affiché une hausse des prix de +4,9 % d’après les chiffres publiés par l’Institut Iri début juillet. Concrètement, votre glace 2 boules a coûté 20 à 50 centimes plus cher cette année. Cette inflation s'explique en partie par la hausse des prix des matières premières, des additifs et des coûts de l'énergie. Les glaciers sont loin d'être les seuls professionnels impactés par la hausse des prix. Face aux dépenses qui n'en finissent pas, certains risquent d'augmenter drastiquement leurs prix... ou de mettre la clé sous la porte.
Jusqu'où peuvent tenir les gérants des friteries ?
Emblèmes des Hauts-de-France, les baraques à frites font la fierté des locaux. Mais ce plaisir express du déjeuner pourrait disparaître à cause de l'inflation. Certains gérants de friteries ont du mal à rentrer dans leurs frais. L'année dernière, le gérant de la baraque à frites "Chez Yann" n'a réalisé que 11 000 euros de bénéfices, relate La Voix du Nord dans son numéro du 11 octobre. Concrètement, "ça fait un revenu de 1 000 balles par mois, je ne suis même pas au SMIC" se désole le gérant dans les lignes du quotidien. Impossible de tenir plusieurs mois à ce rythme. Pour s'en sortir, une seule solution : faire plus de bénéfices.
C'est là où le bât blesse. Au lieu de s'améliorer, la situation s'est dégradée cette année ; la faute à l'inflation. Les frais du gérant ont augmenté sur tous les postes de dépense, et sa situation est loin d'être isolée. Les coûts de l'énergie sont faramineux. Sur fond de conflit géopolitique, le gaz devient une denrée de plus en plus chère. Dans la voix du Nord, on apprend que le gérant de la friterie "Chez Yann" paye sa bouteille de gaz 21,55 euros... et il consomme 185 bouteilles par an. Soit un coût de près de 4 000 euros l'année.
Même son de cloche pour les frais d'électricité, qui oscillent entre 1500 et 3 000 euros le mégawatt/ heure selon les fournisseurs. Pourtant, impossible de s'en passer. Car le cœur d'une baraque à frites, c'est la friteuse, grande consommatrice d'énergie.
La fin des patates
Un autre indispensable des friteries, c'est la matière première. Là encore, la situation n'est pas au beau fixe. Si on se questionne sur l'avenir des frites produites en France, c'est à cause de la sécheresse. Depuis mars, les conditions météorologiques inquiètent les agriculteurs. Le combo manque de pluie et fortes chaleurs a mis à mal les cultures de pommes de terre.
Les pommes de terre sont composées à 80% d'eau. Sans eau, elles ne poussent pas et font la taille d'une balle de ping-pong au mieux, d'une bille pour les plus assoiffées. Or, pendant une partie de l'été, les agriculteurs avaient interdiction d'irriguer les champs. Résultats : les pommes de terre sont plus petites, leur prix au kilo a augmenté.
L'huile de friture, une denrée rare et chère
Après la pénurie d'huile de tournesol, toutes les huiles ont vu leur prix s'envoler. Entre le covid, la guerre en Ukraine et le prix des céréales pour nourrir les bêtes, toutes les matières grasses sont plus chères.
Beaucoup se sont tournés vers la graisse de bœuf pour remplacer l'huile de tournesol, ce qui a augmenté la demande alors que l'offre n'arrivait plus à suivre. D'après La Voix du Nord, le carton de graisse de bœuf coûte aujourd'hui 32 euros contre 14,80 il y a quelques mois. Sur l'année, cela représente 5 000 euros de dépenses.
Les serviettes, emballages et couverts ont augmenté de 100%
Le dernier point de dépenses, c'est l'emballage et les fournitures. Pour faire tourner une friterie, il faut des fourchettes jetables, des serviettes et des cornets en papier. Et tout ça, ce n'est pas gratuit.
Le gérant de la friterie, interrogé par La voix du Nord, n'en revient toujours pas. "Un petit cornet cartonné, qu'on met dans le papier pour le maintenir, c'était 17 euros les 1 000. Je suis passé à 37 euros ! Le papier sulfite autour, je devais être à 11 euros, c'est 27 euros et des poussières maintenant", s'insurge le gérant, avant de poursuivre. "Le pire, c'est le papier baguette ingraissable : c'était 11 euros les 1 000, je suis à 42 euros !".
Des frais qui s'accumulent d'un côté et des consommateurs qui ne peuvent pas se permettre de payer plus à cause de la baisse du pouvoir d'achat, cela soulève forcément des interrogations. Comme, dans une telle situation, réussir à joindre les deux bouts ? Certains essaient de trouver des solutions pour faire baisser leur facture d'électricité avec des petits gestes au quotidien, d'autres remplacent un ingrédient ou changent de fournisseurs en attendant que la situation économique ne s'améliore.