La consommation d'alcool est un problème de santé national. En France, on estime à 2,5 millions le nombre de consommateurs "à risque" (Vidal), pour lesquelles des complications physiques, psychiques et sociales surviendront inévitablement si la quantité et la fréquence de consommation ne sont pas réduites. Les conséquences peuvent parfois être encore plus désastreuses. L'alcool est responsable de 41 000 décès chaque année rien qu'en France (Santé Publique France) et plus de 3 millions dans le monde (OMS). Face à ce constat alarmant, l'Anses publie des repères pour que chacun puisse évaluer sa consommation et prendre conscience des enjeux qui y sont liés.
Cancers, maladies hépatiques, neurologiques et cardiovasculaires, prise de poids ou dépendance : quelle que soit la quantité consommée, il y a un risque pour la santé. 4 verres par semaine ont déjà des effets délétères sur le cerveau, avec une perte notable de matière grise. Le fer se stocke en excès, causant la mort de nos neurones. Diminution de nos capacités motrices, de réflexion et d'apprentissage : le doute n'est plus permis ; l'alcool entraîne inévitablement un déclin cognitif plus ou moins important.
Malgré ces conséquences alarmistes, l'agence de santé dresse un bilan en demi-teinte. Certes, un peu plus d'1 Français sur 4 dépasse la recommandation maximale de 10 verres par semaine ; 1 homme sur 5 et 7% des femmes déclarent même boire un verre d'alcool tous les jours (Vidal). Malgré cela, la consommation nationale a drastiquement chuté en 40 ans, passant ainsi de 22 litres d'alcool par an et par personne en 1970 à 12 litres en 2010 rapporte le site Vidal, et 11,7 litres en 2017 (Santé Publique France).
Sans alcool, la fête est moins folle... et moins rentable
Aux antipodes de ces considérations sanitaires, le Japon entend bien favoriser la consommation d'alcool, après que celle-ci a baissé. La raison ? L'argent.
Alors qu'elle était de 100 litres par an et par personne en 1995, la consommation d'alcool est estimée à 75 litres pour 2020 (The Guardian). Un chiffre en-deçà des espérances de l'agence nationale des impôts (NTA) qui voit dans ces boissons le moyen de gagner gros. Pourtant, c'est nettement plus qu'en Lettonie, le pays d'Europe où l'on boit le plus avec une consommation de 12,9L d'alcool par an.
Bien que le ministère de santé japonais veuille rappeler de ne boire que la quantité appropriée d'alcool, ne nous voilons pas la face : pour le gouvernement japonais, les recettes fiscales ont plus de poids que la santé des citoyens. Or, depuis 1995, les taxes sur l'alcool ne cessent de diminuer, passant de 5% des recettes fiscales il y a 30 ans à 1,7% en 2020 d'après les chiffres cités dans The Guardian. Depuis deux ans, ce ralentissement a pris de l'ampleur avec la crise sanitaire du Coronavirus ; lorsqu'ils le pouvaient, les Japonais étaient frileux à l'idée de sortir boire des verres entre amis ou collègues. En seulement un an, on estime à 110 milliards de Yen (800 millions d'euros) la perte à gagner du gouvernement japonais.
Une campagne nationale pour inciter à boire plus
Pour remédier à ce manque à gagner, le gouvernement japonais invite les jeunes actifs de 20 à 39 ans à proposer des idées pour relancer la consommation d'alcool dans le pays. Ils ont jusqu'au 9 septembre pour déposer leurs suggestions qui vise à la fois à promouvoir la consommation d'alcool à domicile, mais également séduire de nouveaux consommateurs par le biais de produits et designs novateurs.
Une remise de prix se tiendra à Tokyo le 10 novembre. Le récipiendaire, s'il souhaite commercialiser son idée, sera soutenu par l'agence nationale des impôts. Dans le même temps, le Dr Vladimir Poznyak, coordonnateur de l'Unité Prise en charge de l'abus de substances psychoactives à l'OMS estime que «Tous les pays pourraient contribuer davantage à réduire les coûts sanitaires et sociaux de l’abus d’alcool» invitant les pays à augmenter les taxes sur les boissons alcoolisées, réduire les publicités autour de l'alcool et restreindre la disponibilité de ces boissons.