Le Chef Mory Sacko, révélé en 2021 grâce à l’émission Top Chef, ne cesse de gravir les échelons. Il ouvre en 2021 son premier restaurant Mosuke et arrive rapidement à décrocher sa première étoile. Récemment, il a fait la couverture deTime Magazine, pour un numéro spécial consacré à la liste des 100 personnalités les plus influentes. Un vrai honneur pour le jeune homme : “Franchement c’est le genre de chose qui n’arrive qu’une fois dans une vie. Je ne peux que savourer ce moment fort, c’est une belle reconnaissance pour tout ce que j’essaie de transmettre et raconter au quotidien à travers mon travail !”, confiait-il en légende d’un post Instagram. Le chef s’est confié cette semaine sur son parcours culinaire et son parcours de vie au magazine Society. De ses débuts en cuisine, à ses doutes et ses inspirations, Mory Sacko a également évoqué ses parents et a révélé d’ailleurs une anecdote amusante.
La cuisine, un vrai hasard
Mory Sacko explique dans cet entretien que la cuisine n'avait pas toujours été une évidence pour lui. Si aujourd'hui le chef maîtrise l’art culinaire à la perfection, rien ne le présageait : “Je ne savais même pas faire une omelette. Jeune, je n'ai jamais cuisiné avec ma mère et quand elle faisait à manger, je me disais juste 'ah tant mieux, je n'ai pas à m'en occuper'. D'ailleurs, quand j'ai dit à ma famille que j'allais à l'école hôtelière faire de la cuisine, ils se sont foutus de ma gueule !”.
Durant cette formation, l’étonnement a laissé place à la passion : “ Le premier cours, on apprend à brider une volaille pour qu'elle tienne bien à la cuisson. Je me suis dit : 'Qu'est-ce que je fous là à coudre un poulet?' Et en fait, il s'est avéré que je l'ai très bien fait et je me suis pris au jeu”.
Finalement, Mory Sacko a su emprunter le bon chemin. Aujourd’hui, le chef a réussi à créer sa propre identité culinaire, un mélange de cuisine d'inspiration japonaise, africaine et française, à son image. Il définit sa cuisine d’ailleurs comme : “ Ouverte sur le monde, sur trois continents, voire parfois plus. C'est aussi une cuisine qui demande au client une certaine ouverture d'esprit. Mon objectif, c'est que tu manges quelque chose que tu n'as jamais goûté ailleurs. J'aime l'idée que certaines personnes viennent en se disant 'j'adore la cuisine japonaise' et se fassent attraper par la partie africaine -et inversement. C'est cool de créer ces portes d'entrée, ces ponts”.
“Ça coûte beaucoup moins cher de mal manger que de bien manger”
Mais vivre une telle expérience culinaire a un coût. Cette interview accordée à nos confrères a été justement l’occasion pour le chef d’aborder la question de l’argent et du bien manger. Mory Sacko avoue ainsi que le prix de son menu a fait réagir ses parents : “Pour eux, payer 190 euros pour un dîner, ça n'a aucun sens. Pour moi, ça n'avait aucun sens non plus quand j'étais plus jeune. Si je comptais le prix de ce menu en grecs, j'aurais mangé pendant un mois”. Car le chef le reconnaît, parfois bien manger demande un budget : “Il ne faut pas tomber dans un genre d'hypocrisie qui dirait que c'est facile de bien manger. Parce que c'est faux. Quand on est d'un milieu modeste, les choix se font souvent plus par défaut que par plaisir. Et il ne faut pas se mentir, ça coûte beaucoup moins cher de mal manger que de bien manger. Les produits frais de saison, ce n'est pas donné à tout le monde. Un potimarron à trois euros pièce, ma mère, elle n'achète pas !”.
Le jeune chef prône ainsi le nécessaire rôle éducatif des chefs à concilier avec une approche réaliste : “Donc je pense qu'en tant que chef, oui, on a un rôle à jouer pour promouvoir le fait de manger des produits locaux et de saison, mais il ne faut pas être hors-sol non plus. Notre rôle, c'est de donner les clés pour expliquer comment mieux manger en ayant le même ticket de caisse, le même portefeuille”.