En Italie, on est des personnes conviviales qui adorent les étrangers, et le fait que notre cuisine soit l’une des plus appréciées au monde nous ravi.
Alors même quand on voit mettre de l’ananas sur la pizza, du ketchup sur les pâtes ou casser les spaghettis avant de les mettre dans la casserole, on cache les petites larmes qui montent aux yeux et on subit avec le sourire, même si en réalité on a un pincement au coeur.
Pour dénoncer une fois pour toutes ces “crimes” culinaires commis à l’internationale contre la cuisine italienne, nous nous sommes amusés à interroger plusieurs italiens expatriés en France (dont moi-même, je suis italienne, expatriée en France depuis 25 ans) pour les répertorier.
Nous avons fait aussi des recherches sur le web, et nous avons découvert que le sujet avait déjà été pris au sérieux par certains médias italiens pour répondre à cette question cruciale :
“Quels sont les crimes culinaires que les touristes ou les étrangers commettent sans s’en rendre compte vers la cuisine italienne ?”
Découvrez les 10 aberrations culinaires que les Italiens ne veulent plus voir contre leur cuisine.
Casser les spaghettis avant les plonger dans l’eau de cuisson
Pour qu’ils cuisent plus vite, pour les faire rentrer plus facilement dans une casserole trop petite ou encore pour les manger plus facilement une fois dans l’assiette : on ne sait pas trop d’où vient cette habitude étrange de casser les spaghettis. Ce qui est certain, c’est que c’est l’un des gestes qui torture le plus les Italiens et leur provoque un intense pincement au cœur selon les sondages (je confirme, parole d’italienne).
Casser les spaghettis, c’est casser l’un des symboles les plus importants de la cuisine italienne.
C’est comme casser la coquille des escargots persillés avec un casse-noisette ou avec un coup de poing pour les manger. Ou bien lancer une huître contre le mur en espérant qu’elle s’ouvre.
Le pire, c’est qu’en cassant les spaghetti en deux, on ne rend pas leur cuisson plus rapide, elle sera exactement la même ! En plus, à la dégustation ils seront trop courts et les enrouler autour d’une fourchette sera une mission impossible. Les spaghetti doivent cuire entiers dans une grande casserole d’eau bouillante salée : leur mouvement dans l’eau permet de les cuire de manière uniforme, à condition après de les égoutter “al dente”.
Rincer les pâtes cuites après les avoir égouttées
Dans la liste des crimes commis contre les pâtes, il y a une autre habitude qui pourrait faire hurler n’importe quel italien : rincer les pâtes après cuisson, juste après les avoir égouttées.
On justifie ce geste en pensant que cela va arrêter la cuisson, ou pour éviter qu’elles ne collent. Mais en faisant cela, non seulement on enlève l’amidon des pâtes, nécessaire à les faire enrober de sauce, mais on enlève aussi le goût des pâtes qui seront de facto fades.
Et si on veut préparer une salade de pâtes, voici le secret pour stopper la cuisson :
- Égouttez les pâtes très “al dente”, 2 minutes avant la fin du temps de cuisson indiqué sur le paquet.
- Déposez les pâtes égouttées dans un grand saladier
- Mélangez-les avec un filet d’huile d’olive et attendez simplement qu’elles refroidissent, avant de les accommoder en salade avec d’autres ingrédients.
Mettre de la crème dans la carbonara
On en a tellement parlé dans plusieurs médias, que désormais même les pierres savent que dans la vraie carbonara italienne il n’y a pas de crème ! Mais cela n'empêche qu’on continue à appeler “carbonara” des pâtes assaisonnées avec des œufs, des lardons et de la crème, et cette appellation torture les italiens. Rien n’empêche de préparer ce plat si on l’aime, mais ne l'appelons pas “carbonara”.
Si on a envie de goûter à une carbonara, il faut juste compter un œuf par personne, se procurer du guanciale (une charcuterie italienne issue de la joue du porc), du fromage pecorino ou un mélange de pecorino et de parmesan râpé et des spaghettis. Voir la recette des spaghettis à la carbonara comme en Italie.
Assaisonner les pâtes avec du ketchup
Ça plaît surtout aux enfants ou quand on est pressé, et il paraît même qu'à Hongkong et en Indonésie, on raffole de pâtes au ketchup.
Seulement, le ketchup est une sauce bien trop sucrée pour rendre honneur aux pâtes. Selon les sondages, mettre du ketchup sur les pâtes, c’est l’un des “crimes” les plus intolérables pour les Italiens (effectivement, rien qu’à y penser, j’ai le fameux pincement au cœur).
Pourquoi utiliser ce produit alors qu’on peut facilement et rapidement préparer une sauce tomate maison ? Notre sauce tomate en Italie s'appelle “sugo”. Il se fait avec des tomates concassées fraîches ou en boîte, que l'on fait cuire avec de l’huile d’olive, des oignons et des feuilles de basilic pour parfumer, quand c’est la saison. Rien de plus simple. Voir la recette du “sugo” et les astuces pour le réussir.
Mettre de l’ananas sur la pizza
La pizza Hawaïenne à la côte en France et dans beaucoup d’autres pays. Mais pour les Italiens ce mélange sucré/salé représente le massacre de la pizza. C’est même le “crime” culinaire en tête à tous les sondages menés sur le sujet.
L’ananas sur la pizza, c’est comme le citron sur le foie gras ou les poires dans la quiche lorraine : ça fait grincer les dents. En mettant l’ananas sur la pizza, on ne sait plus si c’est le plat ou le dessert, et techniquement l’ananas avec son jus et son sucre va prendre le dessus en faussant le goût de la pizza.
Alors, si on a envie d’une bonne pizza, mais aussi d’un dessert à base de pizza, le mieux c’est de prendre ou préparer une margherita ou une autre pizza traditionnelle, et de partager une pizza blanche (sans mozzarella !) tartinée avec de la pâte à tartiner ? C’est le dessert à base de pizza que l’on propose en Italie dans la plupart des pizzerias.
Ne pas associer le bon type de sauce au bon type de pâtes
Proposez à un italien des “spaghetti à la bolognaise”, ou des “farfalle cacio et pepe” ou encore des “penne à la carbonara” et étudiez sa réaction. Il va sûrement lever les yeux au ciel. Et, s’il est courageux, il va vous faire une contre-proposition - : “Tu n'aurais pas plutôt des tagliatelle pour la bolognaise ?” ou -: “ça te va plutôt des spaghetti ou des rigatoni cacio et pepe ?” ou encore - : “la carbonara c’est plutôt pour les spaghetti”.
On pourrait penser que les pâtes “c’est des pâtes” et qu’on peut y mettre n’importe quelle sauce. Et bien non, en Italie il existe au moins 300 types différents de pâtes. Ce n'est pas un hasard : la forme, la taille et la texture de chaque type de pâte se prête à un type de sauce spécifique. Les italiens font la bonne association entre pâte et sauce de manière instinctive, tellement cette pratique est ancrée dans notre culture. Pour ensavoir plus, voir l’article “quelle sauce pour quelles pâtes ?”.
Mettre les pâtes égouttées dans l’assiette, sans les avoir préalablement assaisonnées avec la sauce
Combien de fois, même au restaurant, on nous sert des pâtes égouttées toutes blanches dans l’assiette avec une cuillerée de sauce par-dessus, à mélanger par nous-mêmes ?
Vous avez alors la meilleure manière d’avoir des pâtes collées qui se mélangent difficilement avec la sauce et de rendre tristes les italiens. En réalité, les pâtes doivent être mélangées à la sauce tout de suite après avoir été égouttées. De cette manière, elles vont bien s'enrober de sauce, elles vont rester onctueuses et bien séparées, sans coller. Pour en savoir plus, découvrez l’article “Pourquoi vous devez mélanger les pâtes à la sauce avant de servir ?”.
Accompagner le repas avec un cappuccino
C’est un “crime” commis surtout par les touristes américains qui visitent l’Italie, mais qui commence à être commis par ces mêmes touristes qui visitent la France et prennent un repas dans les brasseries, que de plus en plus proposent du café espresso et du cappuccino.
Avec sa mousse caractéristique et son parfait mélange entre le lait et le café, le cappuccino est l’une des boissons préférées des italiens pour prendre le petit déjeuner. On le consomme donc uniquement le matin, et on le tolère comme goûter dans l’après-midi. Mais jamais, jamais, on prendrait un cappuccino pour accompagner un repas.
Vous imaginez déguster des lasagnes ou un burger avec oignons confits et sauce à la fourme d’Ambert en sirotant un cappuccino en même temps ? C’est trop lourd, c’est un mélange des saveurs improbables et c’est l’un des pires “crimes” pour massacrer n'importe quelle cuisine et pas seulement l’italienne !
Plier la pizza au plat en deux pour la manger
Pour bien déguster une pizza, les pizzaiolos italiens suggèrent d’en découper une tranche, de la prendre par le bord avec ses mains, de la plier légèrement en “U” et de la manger en commençant par la pointe du triangle : de cette manière la farce ne va pas s’échapper et à chaque bouchée on a un bon équilibre entre la pâte et la farce.
Certaines personnes prennent ce conseil avec peut-être un peu trop d'enthousiasme, et au lieu de plier la part de pizza, ils plient directement la pizza sur elle-même, en demie-lune sur l’assiette. Sauf que de cette manière, la farce se déplace en se concentrant vers le centre, en laissant la plupart de la pâte dégarnie. On a donc une dégustation déséquilibrée, un bouilli de farce au centre de la demie-lune de pizza et des italiens qui ont une nouvelle occasion pour avoir un pincement au cœur ou pour lever les yeux au ciel.
Pour goûter la vraie pizza pliée, direction Naples pour déguster la “pizza a portafoglio”, qui veut dire “pizza portefeuille” en italien. Il s’agit d’une pizza conçue pour être pliée en quatre, avec une farce bien répartie entre les plies, que l’on peut aisément déguster en marchant dans la rue.
C’est pourquoi la pizza a portafoglio est l'une des street food les plus répandues de cette ville, mais qu’on commence à trouver aussi à Paris.
Ajouter de l’eau froide dans un café espresso
Symbole de la dolce vita, du bon vivre et de la pause à l’italienne, le café est un rituel sacré pour les Italiens. Cela fait un peu cliché, mais nous sommes vraiment dévoués à cette boisson, comme on est dévoué à la “mamma”, aux pâtes et à la pizza.
Le café est la boisson qu’on offre à la maison quand on reçoit une visite, et celle qu’on prend à chaque pause. Prendre un café espresso dans les bars est l’une des traditions les plus répandues en Italie. Une tradition qui prend de plus en plus pied en France aussi. Et que fait-on quand le café est trop chaud ou quand on veut le déguster froid en été ?
Pour résoudre le problème, certains ajoutent un filet d’eau froide directement dedans. Mais quelle erreur ! C’est la meilleure manière pour perdre l’arôme du café, d’en casser la consistance. Il est donc temps d’arrêter ce massacre.
Si l’on souhaite refroidir le café, le mieux c’est d’alterner une petite gorgée de café à une petite gorgée d’eau froide. Voilà pourquoi souvent dans les bars en Italie on vous sert votre café accompagné d’un petit verre d’eau.
Et pour l’été, il vaut mieux préparer un “caffè freddo” un café froid, en mettant un double espresso dans un shaker ou dans un blender avec deux glaçons et un peu de sucre. Une fois mixé, c’est délicieux et bien rafraîchissant.