Le bacon, le nouveau légume à la mode ? C’est en tout cas ce que pense un certain nombre des 176 Américains de 4 à 7 ans interrogés pour une étude menée par une Université de Caroline du Sud et reprise par nos confrères de Slate.
A en croire les auteurs, 41% de ces enfants ne savent pas ce qu'est le bacon et 40% à 46% pensent que les hot-dogs et les frites sont des légumes. On aimerait bien que ce soit vrai pour pouvoir manger de la poutine en se disant que c'est un plat de légumes... Mais non. Certes, l’échantillon n’est pas représentatif de toute la population car les enfants sont petits, issus d’un même quartier et peu nombreux, mais les résultats font tout de même réfléchir.
Comment expliquer un tel manque de connaissances ?
La désinformation des enfants vis-à-vis de leur assiette s'explique de plusieurs raisons. Concernant la viande, elle peut être attribuée à la manière dont elle est dissociée des animaux dans la culture occidentale.
Et les chercheurs de poursuivre "Les produits à base de viande ressemblent peu aux animaux lorsqu'ils sont proposés à la vente dans la plupart des épiceries aux États-Unis. [...] Le résultat est que de nombreux enfants ne sont pas exposés à des informations qui les aideraient à faire le lien entre les viandes et leurs sources animales."
Vivre en ville, faire ses courses en supermarché, privilégier les plats préparés ou les produits transformés sont donc autant d’habitudes qui nous éloignent un peu plus de la façon dont les aliments sont cultivés ou préparés. L'idéal serait donc d'expliquer aux enfants dès le plus jeune âge l'origine de leur steak, de leur frites, de leur poisson pané et de leur riz. Mais ça, c'est en théorie. Car dans la pratique, c'est beaucoup plus complexe.
Le "paradoxe de la viande", c'est quoi ?
Expliquer aux enfants, on veut bien, mais pour les produits d'origine animale, cela nous expose indéniablement à des questions sur la souffrance animale, sur la raison pour laquelle certains animaux sont tués et d'autres non et nous confronte au "paradoxe de la viande". Kézako ? D'un côté, on aime consommer de la viande. De l'autre, on ne veut pas prendre conscience des conditions d'élevage ou de l'origine de cette viande.
Selon les chercheurs, les parents seraient mitigés à l’idée d’expliquer aux enfants d’où vient la viande de leur assiette. On les comprend. Pas évident de dire aux plus jeunes que l’on a tué un poulet ou que cet animal a potentiellement souffert pour préparer les nuggets maison avec lesquels il se régale, sous peine qu’ils ne finissent pas leur assiette.
D’ailleurs, cette réticence à l’idée de manger de la viande est déjà présente chez 65% à 76% des enfants de 6 à 7 ans, pour qui “les poulets, les vaches et les cochons ne sont pas comestibles” peut-on lire dans l'étude. Les chercheurs complètent en expliquant que "tous les enfants ne comprennent pas que la viande est la chair d'animaux morts. Même lorsque les enfants font ce lien, ils peuvent ne pas comprendre que les animaux sont intentionnellement tués pour la production de viande, croyant plutôt que la viande est récoltée sur des animaux morts de causes naturelles.”
Tromper les enfants pour leur faire manger des plats : la fausse bonne idée
Les produits d'origine animale ne sont pas les seuls visés par les études du genre. Une enquête nationale du Royaume-Uni, publiée en 2013 dans le British Nutrition Foundation, alertait sur le fait qu’1 enfant sur 3 ne sait pas de quoi est fait le pain, le fromage ou les pâtes qui sont pourtant des aliments de base de notre alimentation.
Que celui qui n’a jamais dit “mange tes épinards, tu deviendras fort comme Popeye” ou “finis ta soupe si tu veux grandir” nous jette la première pierre. Ces idées reçues sont de petits mensonges inoffensifs mais qui donnent une image faussée de la réalité des aliments.
Autre cas concret : combien de fois avons-nous préparé des croquettes de chou-fleur pour faire manger des légumes aux enfants sans qu’ils ne rechignent à finir leur assiette ? Masquer l’ingrédient de base d’un plat participe également à cette désinformation des enfants sur l’origine de ce qu’ils mangent.
Comment expliquer l'origine des aliments aux enfants ?
Pour la viande
Si vous êtes réticents à l'idée de parler de l'origine de la viande avec vos enfants, sachez qu'il existe des labels pour choisir des viandes et produits d'origine animale élevés dans de bonnes conditions. Des filières respectueuses de l'environnement et/ou du bien-être animal sont aujourd'hui disponibles dans une très large majorité de supermarchés, épiceries et en direct du producteur. Cela permet d'expliquer d'où vient la viande sans dénigrer l'affection que vous portez aux animaux ; surtout si vous avez un "Rouky", "Simba" et autre animal de compagnie qui dort sagement dans le salon.
Pour les fruits et légumes
Pour les fruits et légumes, il existe beaucoup de fermes participatives où chacun peut venir cueillir des fruits et des légumes. Vous pourrez ainsi expliquer aux enfants que les légumes poussent dans la terre et qu'ils ont besoin d'eau, de soleil, de terre et d'un certain climat pour pousser, d'où le fait que vous récoltiez actuellement des poireaux mais que vous reviendrez dans cette ferme cueillir des fraises d'ici quelques mois.
Si vous n'habitez pas en centre-ville et que vous possédez un jardin, pourquoi ne pas planter quelques légumes et faire participer vos enfants à cette activité jardinage ? Pour les citadins, commencez par quelques herbes aromatiques ou des radis sur le balcon, c'est déjà un bon début. Pour vous aider, nous publions chaque mois un article sur les graines à semer en ce moment.
Pour les produits d'origine animale
Pour les produits d'origine animale comme le lait, le fromage, les yaourts ou les oeufs, pourquoi ne pas essayer de faire vos propres yaourts et fromage un dimanche pluvieux ? Les enfants pourront alors voir que leur fromage préféré est préparé à partir de lait, comme leur crème dessert. Quant aux oeufs et au lait, les vacances sont le moment idéal pour visiter des fermes et assister à la traite des vaches. Si vous avez un jardin, vous pouvez même adopter des poules, les appeler Poule Walker ou Sean Poule (oui, notre collègue a beaucoup d'imagination et d'humour) et avoir de bons oeufs frais chaque matin.
Sources : Science direct et Slate