Avec 13 litres consommés par an et par habitant, la soupe est plus qu’appréciée des français. En partie pour son goût, mais aussi pour ses potentiels bienfaits. Qui ne s’est jamais dit “allez, ce soir, je me fais une petite soupe pour un repas léger et diététique” ? Mais les soupes toutes prêtes sont-elles aussi légères et bonnes pour la santé qu'on ne le croit ?
SOS d’un légume en détresse
Ne culpabilisez pas d’acheter votre soupe en brique, on est tous pareils. La preuve : Dans les bols des Français, une soupe sur 2 est industrielle. Avec les corvées de la maison, les sorties entre amis, le travail et les loisirs, il est loin le temps où l’on préparait encore ses "popotes" maison.
Et pour répondre aux attentes des consommateurs, les soupes doivent être prêtes à réchauffer et à consommer, et ça pour un prix toujours moins cher. Petit bémol : pour vendre le litre de soupe moins de 2 euros en grande distribution, il faut que le coût de fabrication ne dépasse pas les 30 centimes pour le producteur à en croire les journalistes du documentaire La soupe, quel potage !. A ce prix-là, ne vous attendez pas à une soupe mijotée pendant de longues heures avec beaucoup de légumes comme le faisait mamie.
Le constat est sans appel : pour faire toujours plus d’économies, les industriels n’hésitent pas à troquer les kilos de poireaux, de tomates et de chou-fleur contre des pommes de terre, bien moins chères. Les exemples qui vont dans ce sens ne manquent pas. Certaines soupes au titre racoleur avec de beaux visuels ne contiennent finalement que peu de légumes, comme un velouté de champignons qui n'en contient qu'1,2%. Si vous vouliez faire le plein de légumes, c'est raté.
Mais toutes les soupes ne se valent pas. Généralement, les soupes fraîches industrielles qui ne se gardent que quelques semaines contiennent plus de légumes que les soupes en brique, et nettement plus que les soupes déshydratées.
Si le litre de soupe maison coûte environ 1,5 euro, 3 euros pour une brique toute prête et 1,5 fois plus pour les soupes fraîches industrielles, c’est donc parce qu’elles contiennent moins de légumes, plus de pommes de terre et plus d’eau. Du coup, elles seront moins riches en vitamines.
Arômes, épaississants & co : on est loin du fait-maison
Avec si peu de poireaux et une stérilisation à très haute température (130°C pour les curieux), comment obtenir une soupe au bon goût de poireaux ? Et bien en y ajoutant des arômes et des exhausteurs de goût. Au dos de l’emballage, vous le trouverez sous le nom de glutamate, d’extrait de levure ou encore de E621, des produits dont on peut aisément se passer à la maison puisque le potage est déjà riche en saveurs. Quant aux quantités de ces additifs, c’est bien simple, elles restent inconnues. Il n’existe pas d'obligation à mentionner ou à limiter la quantité utilisée.
Encore une fois, ne mettons pas toutes les soupes dans le même panier. On généralise volontairement, mais en prêtant attention aux étiquettes et en y mettant le prix, vous pouvez aussi trouver des soupes toutes prêtes qui n’ont pas ou peu d'additifs et qui sont pasteurisées moins longtemps pour conserver saveurs et vitamines des légumes.
Par contre, que ce soit la soupe maison ou la soupe industrielle, il y a une chose qui ne change pas : l’absence de conservateurs et de colorants. Et pour cause, la réglementation l’interdit. Inutile donc de vous laisser tenter par les packagings prônant fièrement la mention “sans colorant ni conservateur” puisque toutes les soupes sont logées à la même enseigne.
Maintenant que l’on sait ça, passons à la leçon de chimie. Moins il y a de légumes, moins il y a de fibres, plus la soupe est liquide. Sauf que quand on achète une soupe dans le commerce, on n’a pas vraiment l’intention de la boire à la paille. Et ça, les industriels l’ont bien compris.
C’est pour cela qu’ils ajoutent souvent -mais pas toujours- de l’amidon modifié de maïs ou de pommes de terre pour remplacer les fibres des légumes qui épaississent et rendent la soupe très onctueuse. Mais qui dit amidon dit aussi glucides. Et c’est là que tout dérape.
Faire le plein de vitamines, de fibres… et de sel, de sucre et d’huile ?
On trouve de l’amidon dans les pâtes, les pommes de terre ou encore le pain blanc. Leur point commun ? Ils font tous grimper le taux de glucides après les avoir mangés. Pour les soupes riches en amidon, c’est pareil. Sans compter que, selon les parfums, certaines marques ont tendance à ajouter encore du sucre pour casser l’acidité du produit. C’est le cas dans un velouté de tomates analysé par la nutritionniste Angélique Houlbert dans le reportage “La soupe, quel potage” de France 5 : à l’intérieur, la marque a ajouté 9g de sucre et de sirop de glucose. Pour bien se représenter cette quantité, ça représente la moitié des apports recommandés pour une journée. Et ça, c’est plutôt problématique quand on est intimement convaincu de manger un produit très sain et bon pour notre organisme.
Autre problème : la quantité de lipides. Dans la soupe maison, vous n’ajoutez qu’un filet d’huile au moment de la dégustation ou une bonne cuillère de crème dans la marmite pour l’onctuosité. Qu’en est-il pour les soupes toutes prêtes ? Comme l’explique la nutritionniste dans le reportage de France 5, certaines soupes contiennent des huiles hydrogénées qui bouchent les artères. Associées aux glucides, ça fait des soupes au final très caloriques et qui ne rassasient pas beaucoup puisqu’elles ont peu de fibres. Mais rassurez-vous, toutes les soupes ne sont pas comme ça.
A la maison, combien de pincées de sel ajoutez-vous dans vos soupes ? Quand on sait qu'une soupe peut contenir jusqu'à 12,5% de sel, soit 9 pincées dans un bol de 250 mL, on a de quoi se poser des questions, surtout que l’Organisation Mondiale de la Santé recommande de ne pas dépasser les 5g par jour. Mais, là encore, toutes les soupes ne se valent pas. Certaines soupes du commerce, notamment les soupes fraîches, contiennent elles aussi moins de sel (jusqu’à 65% en moins d’après le documentaire de On n’est pas des pigeons) que les soupes en briques.
Au final, ne mangez pas vos soupes les yeux fermés sous prétexte qu'une soupe est forcément bonne pour la santé. Certaines, riches en amidon et en sel et contenant peu de légumes, sont très loin d'être healthy. D'autres en revanche feront très bien l'affaire pour un repas équilibré et sur le pouce quand on n'a pas le temps ni l'envie de préparer une soupe maison. L'important, vous l'aurez compris, est de se méfier du packaging et de toujours regarder le tableau nutritionnel au dos du produit pour vous faire une idée de ce qu'il contient exactement.
Sources : Documentaire La soupe, quel potage !, Documentaire La soupe, que mangeons-nous vraiment, Emission Soupes : industrielles ou fraîches, comment bien les choisir ?